L’autoconsommation, c’est la possibilité pour un consommateur de produire lui-même tout ou partie de son électricité, à titre individuel ou collectif. L’autoconsommation collective consiste donc à partager sa propre consommation énergétique entre plusieurs foyers ou entreprises.
L’autoconsommation collective est d’abord une initiative locale de décentralisation. Son essor est lié à la baisse des coûts des énergies renouvelables, à la hausse concomitante du prix de l’électricité, ainsi qu’au sentiment d’être prisonnier d’un système trop centralisé. Car après 1945, la France a nationalisé son secteur énergétique pour lisser les coûts du transport, de la distribution, et mutualiser des capacités d’intervention en cas de défaillance. Or ce système robuste est remis en question par ces nouvelles communautés énergétique citoyennes, non sans poser la question de la responsabilité et de la transformation, car il s’agit pour les entreprises de passer d’un système de distribution à un système de collecte de l’énergie.

Que dit la loi ?
C’est le décret du 28 avril 2017, ratifié en application de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) du 17 août 2015, qui légalise la pratique pour un périmètre donné, lui-même élargi par la loi Pacte en novembre 2019. Ainsi, la distance séparant les deux participants les plus éloignés ne doit pas excéder deux kilomètres, et la puissance cumulée des installations de production doit être inférieure à 3 MW en métropole. C’est peu, sachant qu’un “réacteur de 900 MW produit en moyenne chaque mois 500 000 MWh, ce qui correspond à la consommation de 500 000 foyers environ” (EDF). La directive européenne du 11 décembre 2018 affirme elle aussi le droit à l’autoconsommation collective. Ainsi, les états-membres doivent « promouvoir et soutenir les mesures prises aux niveaux national et régional pour favoriser le développement dans ces domaines, encourager l’échange de meilleures pratiques relatives à la production d’énergie à partir de sources renouvelables ».
Quel est le poids économique de l’autoconsommation ?
Selon les chiffres du réseau de transport d’électricité (RTE), le photovoltaïque couvrait en 2017 moins de 2 % de l’électricité consommée en France, contre 11% en Allemagne. Et ce n’est plus à cause du coût des panneaux solaires ou de leur rendement énergétique. Alors, qu’est-ce qui bloque ? Premièrement, le manque de confiance dans la filière du photovoltaïque. En 2016, plus de 200 plaintes de clients ont été enregistrées par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). Deuxièmement, le temps. EDF peut mettre jusqu’à dix-huit mois pour signer un contrat d’autoconsommation !
Et la blockchain dans tout ça ?
Pour cela, la blockchain offre de nombreux avantages : sécurité, décentralisation et transparence. Pour rappel, la blockchain est un registre de données ou de transactions (ledger) dématérialisées, servant de référence pour organiser les échanges financiers entre les utilisateurs. Mais ce registre ne repose pas sur un serveur unique, à l’image d’une base de données classique. Il est répliqué sur tous les nœuds du réseau (Blocs). Parmi les acteurs travaillant sur les nouveaux usages de cette technologie, le groupe La Poste. Il envisage ainsi d’exploiter la technologie pour développer des nouvelles formes de gestion de l’énergie produite par les panneaux photovoltaïques, sur des bâtiments ou dans des résidences.

Le cas Prémian
Mais… c’est déjà fait ! Dans l’Hérault, le petit village de Prémian (500 habitants), a installé une centrale photovoltaïque de 28 kWc, en toiture de l’atelier municipal, sur 200 mètres carrés. Cette centrale alimente sept consommateurs situés à proximité immédiate : les compteurs de la mairie, l’école, l’agence postale, l’atelier municipal, un centre culturel, une boulangerie et un logement. Ainsi, la solution blockchain fournie par l’entreprise Sunchain détermine de façon informatique et fiable les transactions. Le projet a d’ailleurs été soutenu à hauteur de 150.000 euros (sur 200.000 euros) par l’Etat, dans le cadre de l’appel à projets GreenTech verte du ministère de la Transition écologique et solidaire.