Quelle place pour les réseaux sociaux dans la campagne présidentielle de 2022 en France ?

Les réseaux sociaux sont devenus aujourd’hui un outil de communication essentiel à la réussite d’une campagne électorale.

Les outils numériques dont nous disposons ont, en plus d’avoir modifié notre quotidien à l’échelle personnelle, révolutionné notre vie à l’échelle collective sans que nous y prêtions une réelle attention. Aujourd’hui, la conquête et l’exercice du pouvoir passe évidement par des idées, un projet, une vision, mais surtout par les outils numériques qui leur donnent droit de vie ou de mort : les réseaux sociaux. Aucun candidat ne fait désormais campagne sans présence sur ces réseaux. Ils souhaitent toucher une cible précise et appliquent des techniques qui ont déjà prouvé leurs résultats. Néanmoins, ce nouvel outil présente des risques importants destinés à être limités à l’avenir.

Les candidats à l’élection présidentielle de 2022 sur les réseaux sociaux

Les personnalités politiques utilisent dorénavant les réseaux sociaux pour se passer des contraintes médiatiques traditionnelles que sont : le faible temps de parole, l’imposition des sujets abordés et la présence quasi permanente d’opinions contradictoires. L’annonce de la candidature d’Éric Zemmour sur YouTube marque une nouvelle étape franchie cette utilisation des réseaux sociaux par les politiques tandis que d’autres restent sur les pratiques habituelles comme le journal de 20h de TF1 pour Jean-Luc Mélenchon par exemple.

Les réseaux sociaux permettent surtout de s’adresser directement aux électeurs, mais pas à n’importe lesquelles, les 18-30 ans.

L’immédiateté de l’outil permet de réagir rapidement à l’actualité pour ancrer sa place dans l’espace médiatique ainsi que de montrer les coulisses d’une campagne par des photos ou vidéos de scènes du quotidien. Ceci est un atout de taille quand on sait que l’image collective du politique est celle d’un homme hors sol déconnecté de la réalité des Français. Cela humanise, normalise comme le disent certains.

Les réseaux sociaux permettent surtout de s’adresser directement aux électeurs, mais pas à n’importe lesquelles, les 18-30 ans. Lors de l’élection présidentielle de 2017, 34% des 18-24 ans se sont abstenus. Cette population est donc une cible stratégique majeure. Il est plus simple de convaincre un électeur aux prémices de son éveil politique plutôt que de convaincre un citoyen déjà politisé. Ce constat a permis au journaliste Samuel Étienne de recevoir sur sa chaine Twitch des personnalités politiques désireuses de s’adresser aux jeunes.

La guerre des hashtags

Les services de communication des candidats à l’élection présidentielle ont mis en place un certain nombre de techniques pour assoir leurs présences sur les réseaux sociaux. La plus utilisée est la technique du « poussage de hashtag » sur Twitter. Cela consiste à mobiliser les réseaux de militants centralisés dans des conversations WhatsApp ou Télégram pour qu’ils publient des tweets avec ce fameux hashtag dans l’immédiat. Plus le nombre de tweets dans un faible intervalle de temps ont cet hashtag, plus celui remonte dans le classement des hashtags top tendances du moment et plus un utilisateur extérieur à ce parti politique a la probabilité de tomber sur un contenu politisé. Cette stratégie est très efficace et donne lieu à des ateliers de formation à ces usages des partis politiques à leurs sympathisants.

Des techniques plus classiques sont utilisées comme la création de contenu divertissant qui vante en second plan une idée politique. Rien de bien nouveau de ce côté-là, une simple copie conforme du mode de fonctionnement des influenceurs.

Le numérique, un danger pour notre démocratie ?

Les attaques informatiques étrangères et la diffusion d’informations privées visant à nuire une personnalité politique sur les réseaux sociaux sont devenus des pratiques courantes de déstabilisation avant un scrutin.

C’est en réponse à cela que l’agence française de lutte contre les ingérences numériques a vu le jour en octobre 2021 sous le nom de Viginum

Hillary Clinton en a fait les frais avec la diffusion de conversations privées juste avant le jour du vote. Donald Trump s’est trouvé fortement avantagé par cette révélation de dernière minute. Emmanuel Macron a, lui aussi, subit une attaque similaire avec l’affaire des MacronLeaks qui n’a finalement pas trouvé de réels échos.

Gérôme Billois explique dans le quotidien 20 minutes que « Les élections présidentielles ont toujours été la cible d’opérations de déstabilisation, et ce bien avant l’arrivée d’Internet et des réseaux sociaux. Mais l’avènement du numérique simplifie et amplifie grandement ce phénomène ». L’État a bien pris en considération l’ampleur du risque que ce type d’attaque peut avoir sur le bon déroulement de notre système démocratique. C’est en réponse à cela que l’agence française de lutte contre les ingérences numériques a vu le jour en octobre 2021 sous le nom de Viginum. L’objectif, identifier et de neutraliser le plus rapidement possible le contenu malveillant provenant de sources aux comportements suspects.

Les réseaux sociaux et de manière globale les outils numériques sont une formidable opportunité de partager des idées, de fédérer autour d’un projet et d’accroitre une notoriété. Tout ce que les conseillers en communication politique cherchent à faire. Les réseaux sociaux sont donc une nouvelle corde à leur arc, mais aussi un nouveau danger qu’il faut savoir prévenir et guérir.

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