On parle beaucoup de logiciels libres. Sans réellement savoir de quoi il s’agit. Sans réellement savoir que l’on en utilise tous les jours. Sans réellement savoir les avantages indéniables qu’ils offrent aux utilisateurs et aux développeurs.
« Le logiciel libre, c’est un logiciel bio : on peut suivre son chemin du producteur au consommateur », assure Pierre-Yves Gosset, l’actuel directeur général de Framasoft -une association française qui promeut et développe le logiciel libre-, dans le documentaire « LOL : une affaire sérieuse », traitant justement de ce sujet. Avec ça, Pierre-Yves Gosset dit tout et ne dit rien.
Mais on peut se demander comment fonctionne un logiciel libre ? Celui-ci fonctionne comme un logiciel propriétaire et on ne voit pas directement la différence sous nos yeux lorsqu’on l’exécute. Un logiciel propriétaire va être développé par une entreprise puis vendu à ses utilisateurs qui n’auront jamais accès au code source et qui ne pourront donc pas le modifier. Avec un logiciel propriétaire, on ne sait donc jamais si des petites lignes de codes, qui peuvent collecter nos données, sont présentes. C’est un grand flou et l’utilisateur est obligé de faire confiance à l’entreprise qui a développé le logiciel tout en y restant extrêmement dépendant.
Dans le monde des logiciels libres, l’utilisateur a un accès au code source, il peut l’étudier pour s’assurer que sa vie privée est protégée. Il peut aussi le modifier, l’enrichir en y ajoutant des fonctionnalités ou en corrigeant des bugs, puis redistribuer à d’autres utilisateurs ces versions modifiées afin d’en faire profiter un maximum de personnes. C’est justement ce qui se passait au début de l’informatique où tous les logiciels étaient libres et échangés entre « programmeurs ». Dans cette optique, et assez tôt dans l’histoire de l’informatique, a été créée en 1985 la Free Software Foundation par Richard Stallmann, le « père » des logiciels libres.
« Sans communauté pour faire parler de lui, le logiciel libre est souvent amené à disparaître »Ainsi, les logiciels libres reposent en grande partie sur leurs communautés. « Sans communauté pour faire parler de lui, le logiciel libre est souvent amené à disparaître », étaye justement Carl Chenet, ingénieur système reconnu dans le monde GNU/Linux, sur son blog. On peut prendre l’exemple de Docker, une solution de mise en production d’application, qui n’a pas réussi à réunir une forte communauté autour de son projet, comme cela est expliqué dans un article de TechRepublic. Bien que Docker soit aujourd’hui un leader dans son domaine et qu’elle est levée plusieurs fois des dizaines de millions de dollars, elle est annoncée en déclin !
Modèle économique et logiciel libre
Sur le papier, l’avantage semble évident pour un utilisateur d’utiliser des logiciels libres. Mais comment l’entreprise qui développe ces logiciels fait-elle pour se développer (et gagner de l’argent) si des versions de son logiciel sont redistribuées ? Un logiciel libre n’est pas obligatoirement un logiciel gratuit. Même la Free Software Foundation « encourage ceux qui redistribuent des logiciels libres à les faire payer le prix qu’ils veulent ou peuvent ». Néanmoins, de nombreuses entreprises développant des logiciels libres cherchent d’autres modèles économiques. La preuve par l’exemple avec un logiciel que vous avez certainement sur votre ordinateur : VLC. VLC media player est, comme son nom l’indique, un lecteur multimédia distribué gratuitement sur Internet sous licence GPL, la version la plus classique des logiciels libres. Derrière le logiciel au cône de chantier se cachent deux entités : une association sous le nom de VideoLan et une entreprise, VideoLabs, qui compte une vingtaine de salariés. Son modèle économique est très simple : adapter le logiciel VLC aux besoins précis d’entreprises. Ainsi, en 2017, l’entreprise a réalisé près d’un million d’euros de chiffre d’affaire. Les modèles économiques autour du logiciel libre restent variés. Par exemple, la principale rentrée d’argent de la Mozilla Foundation, qui gère le navigateur libre Mozilla Firefox ou la messagerie Mozilla Thunderbird, vient des royalties versées par les moteurs de recherche. Pour Elastic, qui propose notamment un outil permettant la réalisation de moteur de recherche, le chiffre d’affaires est réalisé en proposant des modules complémentaires payants de son outil phare Elasticsearch et par l’hébergement et la maintenance de leurs solutions. Quant à Wikipédia, dont le fonctionnement est possible grâce au logiciel libre MediaWiki, ce sont les dons des utilisateurs qui permettent de faire vivre la plateforme.Concrètement, ne devrait-on pas utiliser que des logiciels libres ?
Oui… et non. Oui serait une réponse utopique : dans l’économie néolibérale que l’on connait aujourd’hui, la plupart des logiciels sont développés en tant que logiciel propriétaire par des équipes de développeurs informatiques à temps plein. La force de développement de certaines entreprises est donc extrêmement puissante et ne pourrait pas être remplacée par des logiciels libres. La qualité est, quand même, une différence importante entre deux logiciels et la balance penche souvent un peu plus du côté des logiciels propriétaires. Quel graphiste préférerait utiliser GIMP plutôt qu’Adobe Photoshop ? Bien, qu’au fond, la plupart des logiciels libres ciblent les développeurs et les professionnels de l’informatique, de nombreuses solutions libres de qualité existent et peuvent être utilisées pour l’usage commun de tous les jours :- Mozilla Firefox ou Chromium au lieu de Google Chrome, Edge, Opera, etc.
- La suite LibreOffice au lieu de la suite Microsoft Office
- Open Street Map (et le GPS OSMAnd) au lieu de Google Maps
- Les différents services de Framasoft pour un tas d’utilités
- WordPress pour faire vos sites
- Nextcloud plutôt que Google Drive
- Changer d’OS et passer à Linux