L’intelligence artificielle : les artistes ne peuvent pas la voir en peinture

En décembre 2022, un fort mouvement d’opposition à l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) a été lancé sur Internet par de nombreux artistes. Alors que ces nouvelles technologies faisaient l’objet d’une forte médiatisation depuis quelques mois, le manque d’éthique et une forme de concurrence déloyale ont été mis en avant et ont créé la polémique.

« Je crois fermement que c’est une insulte à la vie elle-même », déclarait Hayao Miyazaki au sujet de l’intelligence artificielle. Définies comme un « ensemble de théories et de techniques mises en œuvre en vue de réaliser des machines capables de simuler l’intelligence humaine » (Larousse), ces technologies remontent aux années 1950.

©Kouroute – Illustration moquant l’IA et son incapacité à reproduire correctement les mains humaines.

Longtemps fantasmées et relevant de la science-fiction, les intelligences artificielles se sont fortement développées ces dernières années. Aujourd’hui, avec le développement des algorithmes d’apprentissage automatique, l’IA est utilisée dans de multiples domaines, allant de l’informatique à la santé, en passant par la culture. Cet essor constant dans le domaine de l’art est ainsi source d’émerveillement pour certains mais aussi d’inquiétude pour d’autres.

Le « AI art » : une nouvelle forme d’art accessible à tous

Depuis 2021 et particulièrement 2022, de nombreuses intelligences artificielles se sont ouvertes au grand public. Ces intelligences artificielles génératives fonctionnent grâce à des algorithmes qui exploitent le contenu existant pour en créer un nouveau unique. Par l’accessibilité de ces nouveaux outils tels Dall·E, Midjourney et Stable Diffusion, on peut observer l’apparition d’un nouveau genre d’art sur les réseaux sociaux : le « AI art », soit l’art créé par une intelligence artificielle.

La simplicité d’utilisation de ces outils, pour lesquels il suffit de décrire l’image voulue par quelques mots ou de soumettre une image de référence, a conduit à la publication de nombreuses créations sur les réseaux.

Une éthique plus que questionnable

ArtStation est l’un des sites les plus connus et les plus utilisés par les artistes, professionnels ou amateurs, pour poster leurs travaux. Depuis plusieurs mois, un mécontentement se fait entendre vis-à-vis de l’ « AI art » et de sa mise en avant sur des plateformes faites pour les artistes. Une polémique a ainsi éclatée le 14 décembre dernier. Une vague de protestations contre les illustrations générées par IA a débuté sur ArtStation avant de s’étendre à un grand nombre d’autre médias, comme Twitter, Instagram, Tiktok, etc.

Ces technologies génératives utilisent en effet du contenu existant pour en créer de nouveaux. Le style d’artistes populaires est ainsi facilement copié par les IA

Des artistes professionnels et amateurs ont exprimé leur opposition aux images générées par IA arguant le non-respect de la propriété intellectuelle. Craig Peters, PDG de Getty Images, indique à The Verge qu’il « existe de réelles inquiétudes concernant les droits d’auteur des résultats de ces modèles et des problèmes de droits non résolus concernant l’imagerie, les métadonnées de l’image et les individus contenus dans l’imagerie ».

Ces technologies génératives utilisent en effet du contenu existant pour en créer de nouveaux. Le style d’artistes populaires est ainsi facilement copié par les IA. De nombreuses personnes ont par ailleurs dénoncé la présence dans ces illustrations de « traces » (portions d’œuvres ou signatures de leurs auteurs) qu’ils considèrent être du vol.

Une concurrence jugée déloyale

La question de l’éthique et du vol de contenus n’est toutefois pas le seul point soulevé par les artistes. Pour eux, le fait que des plateformes spécialisées, telle ArtStation, autorisent et surtout mettent en avant de l’ « AI art » dans les sections « Tendance » ou « Explore » est aussi un réel problème car ces dernières sont l’un des principaux moyens pour les artistes de voir leur travail présenté et donc de se faire connaître. Le fait que des images générées pas des machines se retrouvent en tête de ces sections est ainsi jugé comme une forme de concurrence déloyale.

L’ « AI art » est déjà commercialisé, utilisé par certains médias comme YouTube, et va jusqu’à s’infiltrer dans des musées, comme le Dalí Museum de St. Petersburg en Floride ou la Bitforms gallery à San Francisco.

Cette concurrence ne se retrouve toutefois pas que sur Internet. En août dernier, Jason Allen a gagné le premier prix du concours artistique Colorado State Fair avec « Théâtre d’opéra spatial », la seule illustration présentée ayant été réalisée par une IA. Ainsi, un grand nombre d’artistes, et particulièrement ceux vivant de leur art, s’inquiètent de leur avenir face à de telles technologies.

Aujourd’hui, les intelligences artificielles créent des illustrations plus rapidement que les artistes classiques ne peuvent le faire. L’ « AI art » est déjà commercialisé, utilisé par certains médias comme YouTube, et va jusqu’à s’infiltrer dans des musées, comme le Dalí Museum de St. Petersburg en Floride ou la Bitforms gallery à San Francisco.

Cela interroge le processus de création artistique, remis en cause par l’IA, réduisant alors l’art à un simple produit de consommation. L’art peut-il se passer d’artistes ?

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